Les anonymes




 2021, In situ, coquillage, Norvège 






 



En octobre 2021, durant 3 semaines j'ai résidé à Halsnoy, une île norvégienne. Dans ce lieu il ne suffit qu'un instant pour que l'horizon s'obscurcisse. Juste une seconde pour que les vifs rayons de soleil se ternissent laissant place aux funestes intempéries. C'est assister à une scène parmi tant d'autres où chaque élément naturel de l'espace se transforme grâce au chaos imprévisible engendré par le climat. Un nouveau paysage alors naît faisant paraître de nouvelles sculptures au sol, et un nouveau rythme de vie pour certains êtres vivants.

C'est surtout auprès des rivages, avec l'action des flots et des marrées que l'on remarque les changements les plus apparents, exactement à l'endroit où sont placées de nombreuses roches. Apparaissant comme un lieu désertique, il en est tout autrement une fois à l’intérieur de cet espace. Sous les morceaux d'algues, nous pouvons apercevoir de petits animaux, s’apparentant aux crevettes, trépider ; des petits poissons mouvoir dans l'eau, et même des escargots marchant à leur rythme apathique sur les rochers modelés par l'environnement.

J'ai ramassé des centaines coquilles de patelles sur place et les ai déplacées au-dessus des pierres. A l'Est, elles scintillaient au contact de l'aube, restantes immobile jusqu'à ce que la marée les emporte ailleurs. C’est à la fois la présence et l'absence. Un cycle marqué par l’apparition et la disparition des petites vies. L’espace d’un instant où une partie du monde se reconstruit.